ROBIN

Robin a débarqué dans le jardin en février 2022. C’était un beau rouquin, joyeux, vif, curieux et aventurier dans l’âme. Craintif envers l’humain, la trappe a été nécessaire afin de le soigner et le castrer. Au fil du temps, il est devenu câlin dans un mode « électron libre ».

Robin était épris de liberté et ne tenait pas en place, aussi il lui arrivait de partir plusieurs jours. En juin 2023, il fit une escapade et disparût. Il n’animait plus le Pellerin par sa gaieté, sa joie, son optimisme et il me manquait. Petit à petit, j’ai fait mon deuil. Parfois, il me rendait visite dans mes rêves. Il était en forme et sautait dans mes bras. Même si j’étais heureuse d’avoir de ses nouvelles, cela ravivait son souvenir et le vide qu’il avait laissé dans mon coeur.

En avril 2024, j’ai à nouveau rêvé de lui. Il rentrait à la maison, en forme et empli d’enthousiasme. Alors que, toujours dans mon rêve, je m’interrogeais d’où il venait, il me semblait qu’il était dans un endroit relativement proche de chez moi. Au réveil, j’ai pensé : « Super mais j’ai la certitude qu’il est décédé. Robin, merci pour la visite. L’essentiel est que que tu sois en paix et heureux ». Il était très présent dans mes pensées dans les jours qui ont suivi.

Dans la semaine, une journée ensoleillée représentait une incitation à faire ma balade habituelle dans les environs. La nature rayonnait et j’étais en paix.

Sur le chemin du retour, à environ 40 minutes de chez moi, j’ai remarqué un chat rouquin dans un champ à proximité d’une ferme. C’était une première car le fermier n’en a pas et aucun errant ne traîne autour de chez lui.

A ma vue, le chat s’enfuit. Pourtant, je l’appelle « Robin, Robin, Robin ». Il s’arrête, interloqué. Je siffle, notre mode de ralliement au Pellerin, puis m’approche tranquillement en lui parlant. En guise de réponse, il se met à miauler non-stop et à frétiller de la queue. C’était Robin ! Nous avions tous les deux de la peine à le croire. Que de caresses et roucoulades partagées pour ces retrouvailles inespérées ! Quel concentré d’émotions chez ce petit être ! Quel cadeau merveilleux !

Il était bien entendu hors de question de le laisser mais encore fallait-il parcourir les 3 km qui nous séparait de la maison. J’ai dit à Robin que l’on rentrait et il a commencé à me suivre tout en se frottant contre moi. Dès qu’il n’était plus dans son territoire familier, il s’est montré inquiet. Bien qu’il ne soit pas habitué à être porté, je l’ai pris dans mes bras et nous avons avancé cahin-caha. A 400 mètres d’un champ attenant à mes prés, j’ai pensé que c’était gagné mais manque de chance, une personne avec un quad et son chien étaient sur notre route. Robin s’est échappé pour s’enfoncer dans les broussailles. J’ai cru que c’était perdu, qu’il allait s’enfuir à nouveau. Je me suis dépêchée de rentrer chez moi pour l’appâter avec de la nourriture et suis retournée à l’endroit où il avait disparu. Il m’attendait !

Le retour dans mes champs a été sportif mais ensemble, nous avons réussi. Le soir venu, je l’ai installé au coin du feu. Depuis, il ronronne, bien au chaud, dans son foyer. Il ne veut plus sortir mais je le connais : à la belle saison, il aura des fourmis dans les pattes.

J’ai tenté d’imaginer son périple certainement compliqué, car dans notre région rurale, rares sont les personnes qui se préoccupent des chats errants. Nul doute que Robin a eu faim, froid, peur dans de nombreuses circonstances et pourtant, il ne s’est pas découragé. Il a bravé le mauvais temps, le danger que représentent les routes, les cris des humains qui le chassaient de leurs jardins. Il a tenu bon, en croyant à sa bonne étoile envers et contre tout. Malgré les épreuves, son optimisme et sa joie de vivre sont intacts. Il est resté fidèle à lui même et est admirable par sa ténacité, sa résilience, son courage.

La confiance qu’il m’a témoignée alors que je le ramenais à la maison m’a émue. Nous avons marché la main dans la patte ou la patte dans la main. Je remercie l’Univers qui a orchestré nos retrouvailles. Quelles étaient les chances que Robin se trouve à cet endroit à l’instant où je passais ? Une minute plus tôt ou plus tard et le rendez-vous aurait peut-être été manqué.

Les animaux sont protégés et ce, même lorsque l’issue n’est pas aussi heureuse que celle de Robin. Lorsqu’un animal disparaît, il est important de maintenir le lien avec lui par des pensées positives et lumineuses. Faites votre deuil à votre rythme, sans culpabilité. Nous ne pouvons pas les protéger et les couver tout au long de leur existence. Remettons-les à la Lumière qui saura mieux que quiconque prendre soin d’eux.