BILLET D’HUMEUR

Sommes-nous pauvres ou simplement égoïstes ?

Il est probable que mon billet d’humeur ne vous concerne pas mais lorsque vous rencontrerez un voisin, une connaissance ou un proche qui vous demande de l’aide pour un animal, vous aurez peut-être à coeur de le partager.

L’année 2023 a été jonchée de demandes afin que l’association récupère des chats. Si, certes tel est le but, il n’en reste pas moins vrai que les associations ont aussi leurs limites. À la tête de bon nombre d’entre elles, il n’y a que quelques retraités qui font de leur mieux face à la souffrance animale, n’hésitant pas à mettre en danger leurs finances, leur santé mentale et physique. Au final, il se peut que les animaux se retrouvent dans des locaux insalubres ou surpeuplés et le sauvetage se mue en désastre.

Tout cela pourrait être évité si les appels émanant de personnes soucieuses des animaux (les autres ne se donneront pas la peine d’appeler une association) avaient conscience de l’impact sur la vie des personnes et des animaux déjà présents. Quant au nouveau-venu, il devra trouver sa place parmi eux, ce qui n’est jamais simple et il restera peut-être prostré dans un arbre à chat par peur d’affronter ses nouvelles conditions de vie.

Voici ce que j’entends régulièrement lors des appels téléphoniques : «  Vous comprenez, j’ai déjà un chat », «Vous comprenez, je le garderai bien mais mon chat n’en veut pas » ou encore « j’ai un chat, deux chats, cela va me donner du travail ! » Quid de la personne qui s’occupe de plus de 20 chats !

Je ne comprends plus ces discours car souvent il suffirait d’un peu de compassion et d’engagement de la part de l’appelant pour que cet animal en détresse soit sauvé. Je sais que nombre d’entre vous requière de l’aide pour le chat du voisin qui est dans votre jardin car son propriétaire a déménagé. Certes, il est l’unique responsable mais est-il nécessaire de le juger ? Pour moi, il n’en veut pas la peine. L’animal, quant à lui, ne comprend pas ce qui se passe, pourquoi il ne peut plus rentrer chez lui, pourquoi il doit rester au froid et à la pluie et il essaye par tous les moyens d’attirer votre attention.

Ces demandes, certes justifiées, me font l’effet d’un coup de poignard, d’une part parce que j’ai atteint mes limites et celle de l’association mais d’autre part par le constat qui s’impose à moi. Si la personne prend la peine d’appeler l’association, c’est qu’elle n’est pas indifférente à l’animal mais pourquoi ne pas faire un pas de plus en s’engageant envers lui et en essayant de trouver une solution parmi les connaissances plutôt que, par facilité, appeler une association submergée. Est-ce un manque de conscience ? De l’égoïsme ?ou une sécheresse de coeur ?

Dernièrement, j’ai fait un rêve qui m’a marquée. Trois chats se tenaient sur le seuil extérieur d’une porte. L’un d’entre eux s’est approché de moi et m’a parlé d’une voix claire et insistante. Il s’est âprement plaint de n’avoir pas de toit et personne pour s’occuper de lui. Il m’a surtout fait part à plusieurs reprises à quel point, il trouvait cette situation profondément injuste.

Que pouvais-je lui répondre ? De plus, j’étais perplexe face à la notion d’injustice exprimée. Depuis, un de mes amis m’a informée que les animaux ressentaient fortement l’injustice des situations. Nous devrions peut-être revoir nos croyances, moi la première !

Ce songe m’a remis en mémoire un passage du livre de Jean Prieur « L’âme des animaux », lu il y a une 20aine d’année. Le voici, tiré d’un livre apocryphe de la Bible : « Et comme Jésus entrait dans un certain village, il vit une jeune chatte qui n’avait personne pour la soigner et qui avait faim. Elle s’en plaignit à lui : il la ramassa et la plaça sous ses vêtements, il lui donna à manger et à boire et elle lui rendit grâce. Il la confia à l’une de ses disciples nommée Laurentia et elle en prit soin. »

À ses disciples qui s’étonnaient que Jésus se préoccupe ce cette minette, il leur répondit que cette dernière faisait partie de la maison de Dieu et que son âme était semblable à la nôtre. Il ajouta qu’en prenant soin d’elle, c’est comme si on prenait soin de lui.

Où en sommes-nous au niveau de notre conscience, où en est l’Humanité ? Avons-nous si peur de nous engager lorsque notre confort est remis temporairement en cause ? Sommes-nous capables d’empathie et de compassion, ce qui nous conduira un acte bienveillant ? Développer cette qualité est simple puisqu’il nous suffit de nous imaginer à sa place. Sommes-nous encore capables d’ouvrir notre coeur d’une façon qui nous amène à un acte de compassion ? Les animaux, à contrario, sont toujours prêts à nous aider, nous réconforter, nous aimer ?

À mon sens, les associations devraient être le dernier recours lorsque toute autre solution a été explorée par l’appelant (réseaux sociaux, affiches, amis proches….) tant qu’il s’agit d’un chat sociable et gentil. De cette façon, les associations pourraient mieux accomplir leur mission en s’occupant des animaux en grande souffrance ; elle aurait davantage de temps et d’argent pour s’occuper des problèmes de prolifération et prendre soin des colonies de chats sauvages ou d’animaux maltraités, âgés, blessés. Quant aux chats sociables, je suis certaine qu’avec un peu de volonté, d’engagement, il sera possible de lui trouver un foyer aimant en dehors d’une association.

J’aimerais tant rêver d’un chat qui saute dans mes bras, le regard animé d’une joie pure et qui m’annonce : « Tu sais quoi, je suis fou de bonheur, j’ai trouvé mon Humain. Il m’aime et je l’aime ».

Ouvrir son coeur à un animal est bénéfique pour tout le monde. En voici un bel exemple avec l’adoption de Libi, minette de 9 ans adoptée par Alexandra. Sa famille n’avait jamais eu d’animaux. En quelques jours, Libi est devenue un membre à part entière de leur foyer. Elle apporte à chacun de l’apaisement et de l’amour. Quant à Libi, elle reçoit pleinement ce dont elle a toujours rêvé : de l’amour, de la joie. Alors, la prochaine fois qu’un animal se présente à vous, au lieu de réfléchir aux quelques désagréments qu’il pourrait éventuellement vous causer, vous imaginiez tout le bonheur qu’il pourrait vous apporter !